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Où vont les baleines l’hiver ?

Où vont les baleines l’hiver ?

Avec la fin de l’été et l'arrivée de l'automne, la majorité des baleines du Saint-Laurent se préparent à quitter nos eaux, si ce n'est pas déjà fait. Seul le béluga y demeure toute l’année, faisant de lui la seule espèce de baleine résidente du fleuve.

Mais où vont les autres pendant la saison froide ? Chaque espèce suit son propre rythme et ses propres routes migratoires — certaines parcourent des milliers de kilomètres, d’autres restent plus près qu’on le croit.

Voici un tour d’horizon de ce que la science sait aujourd’hui sur la migration des baleines du Saint-Laurent.

La baleine à bosse

Les rorquals à bosse de l’Atlantique Nord-Ouest comptent parmi les migrateurs les plus constants. À l’automne, ils quittent les zones d’alimentation du Saint-Laurent, du golfe du Maine et des côtes de Terre-Neuve pour entreprendre un long voyage d’environ 5 500 kilomètres vers les eaux tropicales des Caraïbes.
Là-bas, plusieurs milliers d'individus se rassemblent chaque hiver pour se reproduire et donner naissance à leurs petits, dans des eaux plus chaudes et calmes.

Durant cette période, ils se nourrissent très peu et vivent presque exclusivement sur leurs réserves de graisse accumulées pendant l’été. Au printemps, ils entreprennent à nouveau le voyage vers le nord pour rejoindre leurs aires d’alimentation dans l’Atlantique Nord et le Saint-Laurent.

Le rorqual commun

Le rorqual commun est présent dans tout l’Atlantique Nord, mais son comportement migratoire est mal connu. 

Des balises satellites posées par Pêches et Océans Canada entre 2014 et 2021 ont permis d’en suivre quelques-uns : certains ont pris la direction des Bermudes, d’autres des Bahamas, ou encore de monts sous-marins situés plus à l’est. Tous semblaient chercher des eaux plus chaudes, autour de 22 °C, mais aucune aire hivernale unique n’a été identifiée. 

Le rorqual bleu

Chez le rorqual bleu, les déplacements saisonniers demeurent encore mal connus.
Leurs trajets semblent suivre la répartition de leurs proies, les menant vers des latitudes plus basses et plus tempérées en hiver, le long de la côte est des États-Unis, du golfe du Maine jusqu’à la Floride, période qui correspond à leur saison de reproduction.

Des suivis acoustiques ont permis, dès les années 1990, de retracer le parcours d’un individu depuis les Grands Bancs de Terre-Neuve jusqu’aux Bermudes.Certains rorquals bleus semblent toutefois retarder leur départ, profitant le plus longtemps possible des zones riches en nourriture du Saint-Laurent, parfois jusqu’à la lisière des glaces.


Ce comportement n’est pas sans risque : il arrive que des individus demeurent dans l’estuaire ou le golfe en plein hiver, comme l’a confirmé une observation aérienne du MICS près de Port-Cartier, où un rorqual bleu a été identifié au milieu des plaques de banquise.

Le petit rorqual

Le petit rorqual du Saint-Laurent reste l’un des mystères du fleuve.
Une étude menée entre 2007 et 2015 par le GREMM a montré que la majorité des individus présents dans le golfe étaient des femelles gestantes, ce qui confirme l’importance de la région comme aire d’alimentation estivale.

Le faible nombre de veaux observés laisse toutefois croire que le Saint-Laurent n’est pas leur principal lieu de naissance.
Leurs mouvements saisonniers restent encore mal compris, mais certaines observations et analyses sonores laissent croire qu’ils quittent le nord pour migrer vers des eaux plus chaudes, possiblement jusqu’aux Antilles, avant de retrouver leurs zones d’alimentation au printemps, en longeant la côte est de l’Amérique du Nord.

Pourquoi les baleines migrent-elles ?

La migration des baleines est avant tout une réponse aux saisons.
Leur organisme réagit aux changements de température, à la durée du jour et à la formation de la glace : autant de signaux naturels qui déclenchent le départ.
Mais d’autres facteurs influencent ces déplacements : la présence de nourriture, la reproduction et la protection des jeunes.

Et toutes les baleines ne migrent pas.
Les jeunes, les femelles non gestantes ou les mâles moins compétitifs peuvent choisir de rester dans les zones d’alimentation pendant l’hiver.
Chaque espèce — et parfois chaque individu — semble adapter sa stratégie en fonction de son âge, de son état et des conditions du milieu.

Un long voyage

Certaines baleines parcourent jusqu’à 10 000 kilomètres par année, ce qui en fait l’une des migrations les plus longues du règne animal.
Avant leur départ, elles accumulent une épaisse couche de graisse — le lard — qui leur permet de survivre pendant plusieurs mois sans s’alimenter.

On sait aujourd’hui que certaines espèces, comme les rorquals bleus et communs, s’alimentent parfois en chemin, profitant des occasions qui se présentent.
Une découverte qui nuance l’idée selon laquelle ces animaux voyageaient complètement à jeun.

 

Le retour du printemps sur le Saint-Laurent

Quand la glace fond et que la lumière revient, les premiers souffles réapparaissent au large.
Les baleines reviennent, parfois accompagnées de leurs petits nés sous des latitudes plus chaudes.
Leur arrivée marque chaque année le début d’un nouveau cycle sur le fleuve : celui d’un écosystème en mouvement constant, où nord et sud se rejoignent au rythme des saisons.

 

Source: Baleines en direct.

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Sep 30, 20250 commentaireAlice Cloutier-Lachance