Quand on parle du Saint-Laurent, on pense surtout aux souffles de baleines, aux bélugas et aux phoques. Pourtant, les requins y nagent aussi, et ils sont plus présents qu’on l’imagine.
Leur présence n’a rien d’inhabituel : sept espèces fréquentent les eaux du Québec, dont deux à l’année. De l’estuaire au golfe, on peut les croiser… mais il faut un coup de chance. Leur discrétion et l’immensité du territoire rendent chaque observation exceptionnelle!
Les requins : poissons ou mammifères?
Les requins sont bel et bien des poissons. Contrairement aux mammifères marins, ils respirent par des branchies, n’ont ni poumons ni poils, et pondent ou portent leurs petits selon des modes de reproduction typiques des poissons. Certaines espèces doivent nager sans arrêt pour respirer, leur moelle épinière prenant le relais pour assurer le mouvement pendant que leur cerveau se repose. Leur comportement de sommeil reste encore mal compris.
Qui sont les requins du Saint-Laurent?
Voici les espèces que l’on retrouve dans les eaux du Saint-Laurent :
Le requin pèlerin
Avec ses impressionnants 12 mètres de long, le requin pèlerin est le plus gros requin connu à fréquenter les eaux du Saint-Laurent. Malgré sa taille, il se nourrit exclusivement de plancton, filtré en nageant la bouche grande ouverte, un peu comme certaines baleines. Présent dans le golfe et l’estuaire entre juin et septembre, il reste discret mais n’en est pas moins remarquable. L’espèce est considérée comme préoccupante au Canada en raison de sa vulnérabilité.
Toutes les photos sont tirées du site internet de l'Observatoire de requins du Saint-Laurent
Le requin du Groenland
Impressionnant habitant des mers froides, le requin du Groenland mesure entre 3 à 5 mètres. Il évolue près du fond marin, parfois à plus de 700 mètres de profondeur. Sa croissance est extrêmement lente — moins d’un centimètre par an — ce qui expliquerait sa longévité exceptionnelle : avec une espérance de vie d'au moins 272 ans, allant jusqu'à 400 ans. Ce lent nageur se nourrit surtout de poissons, de céphalopodes et de carcasses.
L’aiguillat commun
L’aiguillat commun, petit requin des eaux tempérées, atteint environ 1,2 m. Il détient l’une des plus longues gestations chez les vertébrés (18 à 24 mois) et peut vivre jusqu’à 40 ans, voire plus selon certaines estimations. On l’observe surtout dans le golfe du Saint-Laurent entre juillet et septembre.
L’aiguillat noir
Ce petit requin, qui mesure entre 60 et 85 cm, est d’un brun très foncé. Il vit dans les grandes profondeurs, souvent à plus de 275 mètres. Ses dents à trois pointes lui permettent d’attraper ses proies avec efficacité. Très répandu, on le trouve toute l’année dans les eaux profondes de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent.
Le requin maraîche
Mesurant en moyenne entre 1,5 et 2,5 m, le requin maraîche peut vivre environ 40 ans. Ovovivipare, il pratique parfois le cannibalisme intra-utérin. Ce requin pélagique est un visiteur régulier du golfe et de l’estuaire du Saint-Laurent, surtout de juin à octobre, où il joue un rôle important dans l’équilibre de l’écosystème.
Le requin bleu
Le requin bleu mesure en moyenne entre 1,8 et 2,5 m. Vivipare, il peut avoir de grandes portées — souvent 25 à 35 petits, parfois beaucoup plus. Il vit un peu plus de 20 ans et on l’observe dans le golfe du Saint-Laurent surtout l’été.
Le requin blanc
Le grand requin blanc peut mesurer jusqu’à 6 m et peser environ 2 tonnes, même si la moyenne avoisine 4,5 m. Il fréquente les eaux tempérées à tropicales, de la surface jusqu’à 1 200 m de profondeur. Attiré par les phoques, marsouins, thons ou grandes carcasses, il visite le golfe et l’estuaire surtout entre juillet et octobre.
Discrets, souvent méconnus, les requins du Saint-Laurent n’en sont pas moins fascinants. Leur présence nous rappelle la richesse et la complexité de cet écosystème unique, qui mérite toute notre attention.
